Originaire d’Inde orientale et plus précisément du sud de l’Himalaya, le Neem ou Margousier(Azadirachta indica) est un arbre sacré aux nombreuses vertus. Un texte de médecine traditionnelle Indienne (Brihat Samhita de Varahamihira) recommande même de planter un Neem près de chaque Maison. Les textes sacrés hindous parlent du sarve roga nirvariniqui signifie « celui qui guérit toutes les maladies ». En langage populaire le Neem s’appelle : «La pharmacie du village»!
Le Neem (Azadirachta indica) est un arbre tropical, cousin du mahogany (nom spécifique de l’acajou de Cuba et d’Amérique) à feuillage persistant, de la famille des Méliacées (nom d’une famille d’arbre des régions équatoriales). Fleurs du Margousier

L’huile de neem est un vermifuge et insecticide naturel issue des graines d’un arbre commun des pays chauds, suivant les savoirs faire traditionnels des communautés paysannes d’Inde et d’Afrique. Lorsque les méthodes de prévention ne suffisent plus, elle est consommée comme médicament et épandue sur les cultures par ces populations depuis des centaines d’années. Son absence d’autorisation en France empêche aujourd’hui les agriculteurs de répondre à la demande en fruits bio sans cesse croissante, notamment dans le cadre des cantines scolaires.
Ce bioinsecticide est sans danger pour les mammifères et les oiseaux. Utilisé aux doses efficaces, il ne présente aucun risque important pour la plupart des organismes non ciblés comme les abeilles, les poissons et les insectes aquatiques, et il se dégrade rapidement dans l'environnement.

Graines du Margousier d'où on extrait l'huile de neem L’huile de neem est utilisée depuis des siècles, en particulier en Asie et en Afrique, pour ses propriétés notamment insecticides et fongicides. Cette huile a cependant un grave défaut : elle n’est pas fabriquée ni vendue par Monsanto, Bayer, BASF et cie. Dans ces conditions, a-t-elle bien le droit de continuer à exister ? Est-il supportable que les paysans et les jardiniers puissent acheter demain - de plus en plus nombreux - des produits alternatifs aux pesticides ? Mais si de telles élucubrations se répandent, à qui vendre demain le roundup et le reste ?(1)
Les services officiels proches de l’agriculture industrielle sont incapables de faire respecter la séparation et le traçage des filières OGM et non OGM - Pourtant il y a du boulot pour quelqu’un de curieux, et les Faucheurs Volontaires viennent encore par exemple de découvrir qu’à Sète, chez Sea-Invest/Sogéma, du tourteau de soja OGM et des engrais chimiques sont stockés, en vrac, dans un même entrepôt... Il semble que des visites s’imposent ! - Mais non, ce sont les agriculteurs bios qui sont dans le collimateur, s’ils utilisent l’huile de neem et d’autres préparations naturelles qui ne disposent pas en France de la coûteuse “autorisation de mise sur le marché (AMM)”, bien que ces produits soient autorisés par le règlement européen de l’agriculture biologique et par les autres pays européens.(2)

Les personnes et associations mobilisées demandent donc l’adoption d’amendements à la loi Grenelle 2 affirmant que les PNPP (Préparations Naturelles Peu Préoccupantes) ne sont pas des pesticides, et permettant leur commercialisation et leur utilisation.

(1) Il faut savoir aussi que la multinationale de la chimie Grace & co a tenté de breveter les propriétés fongicides de l’huile de neem. Elle a déposé un brevet, mais celui-ci a été annulé suite à la mobilisation en Inde notamment contre ce qu’on appelle de la biopiraterie, annulation confirmée en 2005 par l’Office européen des Brevets. C’était la première fois qu’un brevet était rejeté en raison de la défense des connaissances et pratiques traditionnelles. Mais quand les multinationales ne peuvent pas breveter et encaisser les dividendes, que font-elles ? elles essaient de faire interdire !...
(2) Réglementation
Par la décision 2008/941/CE du 8 décembre 2008, la Commission Européenne a refusé l'inscription de l'azadirachtine (substance active de l'Huile de neem) à l'annexe I de la directive 91/414/CEE, ce qui revient à interdire aux États membres d'incorporer cette substance active dans les préparations bénéficiant d'une autorisation de mise sur le marché sur leur territoire. Par conséquent son usage comme insecticide est interdit en agriculture, maraîchage, jardinage, espaces verts, serres. Un délai d'utilisation est maintenu jusqu'en 12/2010 (pouvant être prolongé au maximum jusqu'en 12/2011). L'azadirachtine n'est d'ailleurs pas autorisée en France. Elle figure cependant parmi la liste des substances actives naturelles proposées par la commission "Moyens alternatifs et protection intégrée des cultures" de l'AFPP (Association Française de Protection des Plantes, site : http://www.afpp.net).
Un usage dans des locaux (habitation, bureaux) est logiquement autorisé, car le produit relève alors de la directive biocides.

Contact : Jean-Luc Juthier
arboriculteur bio
juthierjlv@wanadoo.fr

Pour Information, L’APPEL fait le Samedi 3 avril à SAINT-CHAMOND, dans la Loire (15km de St Etienne) :
Non à l’interdiction des alternatives aux pesticides
Les Préparations Naturelles Peu Préoccupantes (PNPP) constituent des alternatives aux pesticides. Si l’ortie est l’emblème des PNPP, celles-ci concernent de nombreuses plantes, mais aussi l’argile, le vinaigre blanc, le petit lait ou l’huile de Neem, pour donner quelques exemples parmi plusieurs dizaines.
La Loi d’ Orientation Agricole du 5 Janvier 2006 exclut des produits autorisés quasiment tous les "produits naturels" en usage dans nos champs, nos jardins, nos villes. Le décret du 23 juin 2009 du Ministère de l’Agriculture, censé mettre en œuvre une procédure simplifiée pour l’autorisation des PNPP, impose dans son article 1 que les substances de base des PNPP doivent "avoir fait l’objet d’une procédure d’inscription sur la liste communautaire des substances actives" (molécules à effet pesticide).
Cette procédure longue et coûteuse n’est justifiée que pour les produits de synthèses. Elle est totalement inadaptée et injustifiée pour des PNPP et recrée implicitement l’interdit ! De plus, le coût d’instruction de ces dossiers est tel qu’il ne peut être amorti que par un brevet alors que les PNPP, issues de savoirs populaires, sont toutes du domaine public.
Ce décret s’appuie sur des directives européennes pour imposer des contraintes non exigées par les autres pays européens. Tandis que nos voisins, soumis aux mêmes directives, reconnaissent et classent les PNPP dans une catégorie à part, le Ministère de l’Agriculture français s’entête à vouloir les classer comme des « Phytopharmaceutiques », qualificatif juridique appliqué aux pesticides chimiques.
Au lieu de « faciliter les procédures », ce texte crée un blocage évident, qui va à l’encontre de la volonté affichée par le gouvernement de réduire l’usage des pesticides de 50% en 10 ans
.Nous, paysans, jardiniers amateurs, collectivités territoriales, nous avons besoin de ces produits pour réduire, ou supprimer l’utilisation des pesticides chimiques, pour produire des aliments plus sains et préserver notre environnement.
Nous, arboriculteurs bio, nous nous trouvons dans une impasse administrative du fait de l’absence d’autorisation des PNPP. Nous exprimons avec beaucoup de détermination que nous voulons vivre de notre activité, et que cela passe par l’utilisation de ces Produits, d’autant plus que la demande en fruits bio est sans cesse croissante, notamment dans le cadre de la restauration collective.
Aujourd’hui nous accomplissons un acte de désobéissance civique, en pulvérisant de l’huile de neem, produit non autorisé, dans un espace public, pour dénoncer l’absurdité de la situation.Planche neem
Malgré leur autorisation dans de nombreux pays européens qui affirment que les PNPP ne sont pas des pesticides, malgré leur autorisation par le règlement bio européen, l’administration française s’obstine dans une position qui semble plus sensible aux intérêts des fabricants de pesticides qu’a réduire leur utilisation et leurs nuisances.
Nous demandons l’adoption d’amendements à la loi Grenelle 2 affirmant que les PNPP ne sont pas des pesticides, et permettant leur commercialisation et leur utilisation.