Après la crainte samedi d'une deuxième inondation toxique, les services anticatastrophe sont revenus sur leurs propos

La fissure dans la paroi du réservoir de boue rouge toxique, de l'usine d'Ajke, qui a cédé le 4 octobre, provoquant la plus grande catastrophe écologique de l'histoire de la Hongrie ne s'est pas agrandie.

Les risques d'une deuxième inondation meurtrière ont donc diminué, a déclaré dimanche matin le chef des Services anticatastrophe, Tibor Dobson.

Le réservoir de Torna à 150 km de Budapest le 09/10/10 AFP 09/10/10

"La fissure sur le côté nord du réservoir s'est stabilisée, les réparations sont en cours et nous n'avons pas décelé de nouvelles fissures", a précisé Tibor Dobson, qui a souligné qu'une nouvelle digue était en construction à Kolontar. Les fondations ont été réalisées samedi et aujourd'hui dimanche des dizaines d'ouvriers travaillent d'arrache-pied à l'élargissement et au surélèvement de cette digue.

Cette fissure faisait craindre samedi, selon le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, une "probable" deuxième inondation de boue rouge toxique après celle de lundi, dont le bilan provisoire est de sept morts, 150 blessés, deux étant dans un état critique, et un disparu.

Pour éviter une nouvelle tragédie humaine, les 800 habitants du village de Kolontar, dont sont originaires la plupart des victimes, avaient été évacués samedi et la petite ville voisine de Devecser (5.400 habitants) s'est aussi préparée à une éventuelle évacuation.

Le flux toxique provoqué par des boues rouges a atteint jeudi matin le Danube, menaçant l'écosystème du grand fleuve qui traverse l'Europe centrale. Le gouvernement hongrois a proclamé mardi l'état d'urgence dans trois départements de l'ouest du pays. D'après les derniers résultats des analyses des échantillons d'eau prélevés dans le Danube samedi soir par le Service des Eaux révélaient une légère diminution de la pollution.

Cependant, pour les organisations écologistes Greenpeace et le Fonds mondial pour la protection de la nature (WWF), l'écosystème du Danube reste menacé, notamment à plus long terme, tant en ce qui concerne la faune que la flore.

Selon les dernières estimations des experts, ce sont de 600.000 à 700.000 m3 de boue toxique qui se sont répandus, un peu moins que la marée noire survenue fin avril dernier dans le Golfe du Mexique.

L'origine possible du drame Selon le secrétaire d'Etat à l'Environnement Zoltan Illés, qui a ordonné l'arrêt de la production de l'usine, la société de production d'aluminium MAL aurait entreposé une trop grande quantité de boue rouge dans le réservoir qui pourrait avoir cédé à cause d'une surcharge.

Une hypothèse partagée par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui a indiqué que des "causes naturelles n'avaient pas été décelées", et par Greenpeace-Hongrie pour qui l'entreposage excessif de boue rouge est à l'origine de la catastrophe. Le directeur de Greenpeace-Hongrie, Zsolt Szegfalvi, a signalé que "sur des images satellite une fissure était déjà visible sur la digue un jour avant l'accident".

Le point de vue de Greenpeace est complété par le World Wildlife Fund (WWF) qui affirme que le réservoir fuyait depuis des mois. Une photo prise en juin dernier montre que de la boue rouge s'échappait alors déjà du réservoir de l'usine de bauxite-aluminium située à Ajka (160 km à l'ouest de Budapest), précise le WWF dans un communiqué.

Des vues aériennes montrent aussi des traces rouges à l'extérieur, au pied du réservoir, près de la partie qui a cédé. "L'accident (...) aurait pu facilement être évité si les exploitants avaient respecté leurs obligations", a déclaré Andreas Beckmann, qui dirige le programme du WWF pour le Danube.

De son côté, MAL assure avoir observé toutes les règles de sécurité. Selon cette entreprise, un problème technique pourrait être à l'origine de l'accident.

Une chose est sûre: l'usine a été construite dans les années 60, à l'époque de la dictature communiste.

La boue rouge est un résidu toxique de la production d'aluminium, composé d'éléments nocifs comme le plomb et très corrosif, notamment pour la peau, provoquant de graves lésions et des brûlures. La production d'une tonne d'aluminium entraîne la production de près de trois tonnes de boue rouge.

Par FTV (avec agences)


Carte AFP iactiv