Pour les habitants de la région, qui commencent tout juste à se réorganiser après la vague de boues rouges qui a tout emporté, la nouvelle est sinistre. György Bakondi, commissaire du gouvernement chargé de la gestion de la société MAL, dont l'usine a provoqué le désastre, a annoncé mercredi que celle-ci allait reprendre son activité. «Nous avons déjà démarré le chauffage industriel», a-t-il prévenu mercredi, ajoutant que, dès que la bonne température sera atteinte, «nous redémarrerons la production, jeudi ou vendredi».

De son côté, le tribunal municipal de Veszprém (ville située à l'Ouest de la Hongrie) a décidé mercredi de «la remise en liberté immédiate» de Zoltan Bakonyi, le directeur général de MAL, interpellé par la police lundi.

«Le redémarrage de l'usine est important aussi»

Le président de la société, Lajos Tolnay, continue de nier la responsabilité de MAL. «Les ouvriers ont respecté les règles de sécurité, la société n'est pas responsable», a-t-il déclaré dans une interview accordée à l'hebdomadaire économique Figyelô à paraître jeudi. Il réaffirme tout de même qu'il «est très important pour nous, que les causes de la catastrophe soient déterminées, et que les responsabilités soit identifiées. » Lajos Tolnay rappelle que le site employait quelque 1.100 personnes et que « le redémarrage de l'usine est important aussi. »

Zoltan Bakonyi, le directeur général de MAL, le 5 octobre 2010 à Kolontar - AFP

Cependant, selon les informations du premier quotidien hongrois, le Nepszabadsag, le directeur général de la société, ainsi que d'autres dirigeants de MAL, était informé depuis des semaines de l'existence d'écoulements de boue rouge hors du réservoir qui a cédé le 4 octobre. Le journal révèle que la police hongroise a collecté au moins vingt témoignages d'ouvriers de l'usine, qui avaient pour consigne de «tenir leur langue» s'ils voulaient garder leur emploi.

Neuf morts et 150 blessés

L'état hongrois a pris mardi dernier le contrôle de la société MAL, propriétaire de l'usine de bauxite-aluminium d'Ajka, à l'origine de l'accident du 4 octobre qui a fait 9 morts, 150 blessés et provoqué une catastrophe écologique. MAL est soupçonnée d'avoir surchargé ses réservoirs, bafouant les règles les plus élémentaires de sécurité, ce qu'elle a démenti. Même si les causes de l'accident - le pire qu'ait jamais connu la Hongrie - n'ont pas encore été déterminées, la société a, dès le lendemain de la catastrophe, été considérée comme responsable par plusieurs membres du gouvernement.

Le commissaire du gouvernement György Bakondi assure que « la vie est de nouveau sûre à Devecser », petite ville très durement touchée par la catastrophe. Les autorités devaient lever à 15 heures «l'état de pré-évacuation» en vigueur dans la ville depuis samedi dernier, après l'évacuation du village voisin de Kolontar, qui a reçu la majorité du flux de boue toxique. L'installation d'une nouvelle digue est prévue afin de prévenir une nouvelle inondation.

AFP