Dans les années 50, alors que la dévaluation et la réévaluation des monnaies dominaient dans une Europe qui en était à ses balbutiements, un homme luxembourgeois visionnaire, Pierre Werner, voulait déjà la création d'une monnaie unique européenne.

L'euro une idée vieille de 60 ans

Hier soir à la Chambre du Commerce, de nombreux hommes politiques internationaux et luxembourgeois (dont le Premier ministre et président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker) qui ont compté dans la construction de l'Union européenne et de son évolution, ont rendu un hommage à celui qui représente, pour eux, le précurseur de l'élaboration de l'union monétaire européenne et le penseur de la monnaie unique.

Car, loin d'être née seulement en 2000, la monnaie unique a été pensée, réfléchie et mûrie. Et elle vient d'un homme politique luxembourgeois, qui, déjà dans les années 50, alors que Jean Monnet penchait sur la création d'une « mini » Union européenne, y avait pensé: Pierre Werner.

Pierre Werner et son plan...

Pierre Werner

Chercheuse au Centre visuel de la connaissance de l'Europe (CVCE), Elena Rodica Danescu a épluché, avec l'accord des descendants de Pierre Werner, les documents privés du Premier ministre luxembourgeois (1959 à 1974 et 1979 à 1984): ces échanges avec de grands économistes, avec Jean Monnet, de ces notes concernant l'élaboration du Plan Werner, etc.

Chargé en 1970 par les dirigeants des six Etats membres de la Communauté économique européenne (CEE) d'assurer la présidence d'un groupe spécial d'étude, Pierre Werner ressort ces vieilles notes et s'en inspire pour établir et présenter, le 8 octobre 1970, ce qu'il a appelé le Plan Werner.

Novateur, ce rapport prévoit notamment un plan par étapes, étalé sur 7 à 10 ans, pour l'établissement d'une monnaie communautaire unique et propose la création d'un centre de décision pour la politique économique ainsi que d'un système communautaire des banques centrales. Des idées qui n'ont cependant pas pu être mis en place immédiatement.

Un "échec" qui n'en est pas

Dans son exposé de plus de 45 minutes, Jean-Claude Juncker, durant lequel le Président de l'Eurogroupe a insisté sur le rôle déterminant de Pierre Werner, explique qui « si ses idées ne se sont pas traduites dans la réalité, c'est parce que les mauvaises circonstances s'étaient multipliées ». La première crise pétrolière en 73 et la brutale annonce du président américain, Richard Nixon de mettre fin au système de Bretton Woods en sont les principales raisons.

« Aujourd'hui, l'euro est la monnaie la plus stable et la moins affectée par la volatilité des cours de change » a insisté Jean-Claude Juncker, qui reconnaît que « les Européens n'ont pas appris à gérer de façon communautaire la monnaie unique ». Une erreur que Pierre Werner, qui « connaissait les raisons des échecs des unions monétaires antérieures » n'aurait, peut-être, pas faite.

28/01/2011, par Laetitia Kimmel 

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