Alors que la catastrophe nucléaire de Fukushima laisse la communauté internationale en quête de réponses quant à la gestion sur le long terme des risques nucléaires, l’indemnisation des vétérans des essais nucléaires français s’enlise. Pour ces victimes des manœuvres nucléaires, réalisées au Sahara et en Polynésie française de 1960 à 1996, les premiers résultats des démarche d’indemnisation viennent d’être communiqués. Sur les 12 premières décisions rendues par le ministre de la Défense, après examen par la Commission d’indemnisation (CIVEN), on recense 11 refus et 1 seule acceptation « a minima ». Pourtant, les dossiers déposés remplissaient les conditions extrêmement restrictives de la loi Morin et de son décret d’application. Par ailleurs, aucun Polynésien, ni Algérien n’est concerné par ces premières décisions.

Parmi les 11 refus, figure le cas d’une veuve dont le mari avait été reconnu décédé des suites d’une irradiation par le ministère de la Défense. Mais la CIVEN et le ministre de la Défense ont finalement rejeté cette demande au regard que la maladie mortelle, responsable de la mort de ce vétéran, n’est pas listée nominativement dans la loi. De même, un ex-appelé du contingent, également reconnu comme malade suite aux irradiations, a essuyé un refus au prétexte que son taux d’irradiation est jugé « négligeable » par la CIVEN.

L’Association des vétérans des essais nucléaires (Aven) a décidé de déposer un recours devant le tribunal administratif à l’encontre de ces décisions de refus. Selon elle, si de telles règles avaient été appliquées dans le dossier relatif à l’amiante, personne n’aurait bénéficié d’indemnisation. Parallèlement, en Polynésie, la Caisse de prévoyance sociale a déposé plainte contre l’Etat. En effet, celle-ci ne peut plus assumer financièrement la recrudescence des cancers à laquelle elle est confrontée. Il semble que, aujourd’hui comme hier, la transparence en matière de gestion du nucléaire soit une notion toute relative.

 Cécile Cassier

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