‘’Le problème de l’eau potable ne concerne pas des millions de personnes, mais des milliards’’
Gérard Payen

conseiller pour l’eau & l’assainissement du secrétaire général des Nations Unies

logo-solidarites-international-horizontal.gif L’association humanitaire SOLIDARITES INTERNATIONAL est très loin de partager le satisfecit de l’UNICEF et de l’OMS. Dans un communiqué commun diffusé le 6 mars, les deux agences onusiennes se félicitent d’avoir atteint, et même dépassé, la ‘’cible des Objectifs du Millénaires pour le Développement (OMD) relative à l’eau’’. Selon elles, 89 % de la planète a aujourd’hui accès à l’eau potable. Même si d’énormes progrès ont été observés en la matière, cette annonce faite à la veille du 6e Forum Mondial de l’Eau à Marseille, reste très éloignée d’une réalité qui concerne des milliards de personnes, privées d’accès durable à l’eau potable et à l’assainissement.

D’après l’étude la plus récente, effectuée par Gérard Payen, conseiller pour l’eau & l’assainissement du secrétaire général des Nations Unies : ‘’Le nombre de personnes qui ont besoin d’une eau véritablement potable, non malsaine, non insalubre, une eau qui n’est pas trop loin de leur domicile, qui leur permet de se rendre à l’école et d’aller travailler, une eau qui n’est pas trop chère… ne se compte pas en millions de personnes, mais en milliards.’’ Selon l’auteur,environ 1,9 milliards de personnes n’ont d’autre choix que de boire une eau dangereuse pour leur santé. Le nombre de celles qui boivent une eau de qualité douteuse dépasse les 3 milliards, soit près de la moitié de la planète.
http://www.aquafed.org/pdf/Payen_So...

‘’Dans un environnement insalubre, une eau potable ne le reste pas longtemps’’

Il est également impossible d’annoncer avoir atteint ses objectifs tout en reconnaissant dans le même temps ‘’le retard persistant dans le domaine de l’assainissement’’, pourtant étroitement lié. ‘’Dans un environnement insalubre, une eau potable ne le reste pas longtemps. Or aujourd’hui, 2,5 milliards de personnes ne disposent pas d’installations sanitaires et 1,1 milliards défèquent encore à l’air libre. (…) En zone urbaine, les personnes qui utilisent des puits boivent une eau souvent contaminée par les infiltrations d’eaux usées dans le sol’’
Résultat, les maladies liées à l’eau non potable et à un environnement insalubre sont la première cause de mortalité au monde, avec 3,6 millions de victimes par an, soit 7 personnes qui meurent chaque minute.

‘’Mettre fin à ce fléau silencieux, c’est déjà commencer par revoir les chiffres de référence cités par les Nations Unies’’ (Alain Boinet à Ban Ki-moon)

‘’La qualité de l’action réalisée par l’UNICEF et l’OMS, en partenariat avec les acteurs humanitaires, dans le domaine de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement dans le monde, est indéniable. Mais cette annonce, qui intervient à la veille du 6e Forum Mondial de l’Eau, est surprenante, déclare Alain Boinet, directeur fondateur de SOLIDARITES INTERNATIONAL. ‘’Nous proposons à Ban Ki-moon, Secrétaire Général des Nations Unies, de revoir sérieusement les chiffres de référence cités par l’ONU et de centrer leur évaluation sur l’accès réel à l’eau potable. Parce qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort pour des millions de personnes, il faut aussi faire de l’accès durable à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement une priorité à part entière des OMD. Nous demandons également l’augmentation des fonds de l’aide publique au développement affecté à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, ainsi que l’accroissement des fonds dédiés aux crises humanitaires et à la transition vers la reconstruction puis le développement.»..’’

7 personnes meurent chaque minute de l’eau insalubre. Il n’y a plus une minute à perdre.

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SOLIDARITES INTERNATIONAL est une association d’aide humanitaire d’urgence qui, depuis plus de 30 ans, porte secours aux populations victimes de conflits armés et de catastrophes naturelles. Notre mission, répondre à leurs besoins vitaux : boire, manger, s’abriter ; et de les aider à retrouver les moyens de leur autonomie. Fortes de notre expérience des crises humanitaires les plus sévères, (Afghanistan, Haïti, Balkans, Rwanda, Indonésie, Darfour), nos équipes développent une expertise reconnue dans le domaine de l’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement, mais aussi dans ceux essentiels de la sécurité alimentaire et de la reconstruction.

SOLIDARITÉS INTERNATIONAL - 50 rue Klock, 92110 Clichy - Tél. : 01 80 21 05 05 - http;//www.solidarites.org

En France

l’UFC Que Choisir vient de publier les résultats d’une enquête sur la qualité de l’eau du robinet distribuée en France. Selon l’association de protection des consommateurs, si 97,5 % des Français ont accès toute l’année à une eau de bonne qualité, près de deux millions de consommateurs paient, en revanche, pour une eau non conforme aux normes réglementaires. Ainsi, plus d’un million de consommateurs disposent d’une eau contaminée par un cocktail de polluants issus des activités agricoles, dont des pesticides, des nitrates et du sélénium. Les régions les plus touchées coïncident donc avec celles où se pratique l’agriculture la plus intensive, à savoir le Bassin Parisien (Eure-et-Loir, Loiret, Seine-et-Marne, Yonne), le Nord et Pas-de-Calais, la Champagne (Marne, Aube).

Or, la pollution d’origine agricole n’a pas diminué en l’espace de 10 ans. Pour Que Choisir, la raison de cet enlisement tient à l’inversion du principe pollueur-payeur. De fait, bien que l’agriculture soit responsable de respectivement 74 % et 90 % de la pollution en nitrates et en pesticides, ce sont les consommateurs qui en font les frais, à tous points de vue, via la redevance pollution. Dès lors, les pollutions agricoles représentent sur la facture d’eau des dépenses supplémentaires annuelles estimées au minimum entre 640 et 1140 millions d’euros, soit de 7 % à 12 % de la facture d’eau des ménages français (Source : Commissariat général au Développement durable, « Coûts des principales pollutions agricoles de l’eau », septembre 2011).

Dès à présent, les résultats des relevés sont consultables, commune par commune, depuis le site Internet de l’association http://www.quechoisir.org. Comme le souligne l’UFC, la qualité de l’eau du robinet est un enjeu tant en terme de santé, d’environnement que de pouvoir d’achat. De qualité équivalente, l’eau du robinet est ainsi jusqu’à 130 fois moins chère que son homologue en bouteille plastique et participe près de 1000 fois moins à l’effet de serre (Etude SSIGE – Dr N. Jungbluth (Esu – Services) 2006). Dénonçant des « mesures palliatives » et de « fuite en avant », se bornant à diluer l’eau polluée avec de l’eau conforme et à ouvrir de nouveaux captages, l’association lance un appel aux pouvoirs publics français et européens. Pour endiguer les pollutions agricoles diffuses à la source, elle appelle à une protection efficace de tous les captages et à l’application du principe pollueur-payeur dans le domaine des pollutions agricoles, afin de dissuader les pratiques agricoles polluantes. Elle réclame également que les aides de la Politique Agricole Commune (PAC) soient réservées aux modes de production œuvrant à des agricultures respectueuses et biologiques.

Cécile Cassier

http://www.univers-nature.com