Les gaz d’échappements des moteurs Diesel ont désormais été classés par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) rattaché à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme cancérogènes pour l’homme.


Si de nombreux rapports publiés ces dernières années ont déjà alerté l’opinion sur le caractère cancérigène des particules Diesel, le communiqué du CIRC rattachée à l’OMS devrait, lui, faire l’objet d’une bombe pour les motorisations Diesel. "Les preuves scientifiques sont irréfutables et les conclusions du groupe de travail ont été unanimes: les émanations des moteurs diesel causent des cancers du poumon", écrit-il. Le groupe de travail, qui a néanmoins fondé ses études sur une population très exposée au Diesel (mineurs, travailleurs dans les parkings…), a également noté un risque accru de cancer de la vessie lié aux émanations Diesel.
Les gaz d'échappements de moteurs Diesel jusqu’ici classés parmi les cancérogènes "probables" pour l'homme (groupe 2A), ont donc été reclassés dans le groupe des cancérogènes "certains" pour les humains (groupe1).
En outre, malgré les efforts fournis par les constructeurs pour réduire les émissions et respecter ainsi les normes environnementales, le CIRC souligne qu’ils ne peuvent pas encore se traduire par une "amélioration des effets sur la santé". D’autant, que "de nombreuses années sont nécessaires pour remplacer les véhicules existants, notamment dans les pays les moins développés".
L'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) ne s'est pas encore prononcée sur ce sujet, elle souhaite d'abord "étudier attentivement le rapport". Sa porte-parole rappelle toutefois que "les véhicules Diesel modernes ont réduit de 99% leurs émissions de particules et que leurs technologies de pointe accompagnent les politiques de mobilité propre et durable". Elle souligne par ailleurs qu'"il serait important d'utiliser les solutions disponibles non seulement dans les économies développées, mais également dans le reste du monde".
Favorisées en France et dans de nombreux pays européens par une politique fiscale avantageuse sur le Diesel, les motorisations Diesel se sont fortement développées en Europe de l’Ouest. En 2011, le Diesel représentait environ 60% des immatriculations de véhicules neufs en Europe de l'Ouest et même 72% des immatriculations en France. Si la France est d’ailleurs exportatrice nette d’essence, elle importe en revanche 50% de ses besoins annuels en gazole pour répondre à la demande, nous a précisé l’Union Française de l’industrie Pétrolière (UFIP). La France est même le pays dans lequel le gazole est proportionnellement le plus consommé. Le gazole représente 80% de sa consommation annuelle de carburants, contre 32% aux Etats-Unis, 38% au Japon ou 60% en Allemagne.
Le Diesel en sursis? Les conclusions du CIRC pourraient-elles conduire à une interdiction des moteurs Diesel en Europe et plus particulièrement en France ? A court terme, vraisemblablement pas. "Les questions de santé - environnement seront une priorité de la ministre de l'Ecologie Nicole Bricq et la question du Diesel en fait partie; néanmoins les constructeurs ont renforcé leur offre dans ce domaine et il n'est pas question de mettre à mal toute une filière par des mesures d'urgence et des effets d'annonce. Nous allons donc conduire un travail de fonds sur ce dossier avec les ministres de la Santé et du Redressement productif", a déclaré à Autoactu.com une porte-parole du ministère de l'Ecologie.
Néanmoins, les études du CIRC pourraient accélérer ou durcir les projets de réglementations qui pèsent aujourd’hui comme une épée de Damoclès sur le Diesel. En France, les Zapa pourraient notamment se traduire par une exclusion des véhicules Diesel dans les centres-villes. En Europe, un projet de directive sur l’énergie conduirait à renchérir le Diesel en lui faisant perdre son avantage fiscal. Le Parlement européen s’est récemment farouchement opposé à ce projet en rappelant que les constructeurs européens avaient investi lourdement dans les motorisations Diesel. Les travaux des experts de l’OMS risquent néanmoins de rendre désormais insuffisant cet argument.

Emilie Binois


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