Nous (Felálló-Fülű Pumi Kennel Klub) partons régulièrement à la rencontre des derniers bergers dans la Puszta ; le bétail est encore rentré le soir dans ces longues bergeries blanchies à la chaux et aux magnifiques toits de chaumes.
Panneau près d'Hortobagy La Puszta de Hortobágy est le berceau de la race Pumi .
La Puszta est une des dernières grandes prairies sauvages d’Europe où les chevaux sont rois (plus de 1400 km2).
Puszta signifie en hongrois désertique, abandonné.
Ce sont en fait des herbages, des terres salées, sabloneuses et marécageuses qui étaient autrefois le lieu de pâturage privilégié des troupeaux de chevaux menés par les Csikos, lesquels ne rentraient chez eux que pour passer l’hiver.

Aujourd’hui, la Puszta d’Hortobgy est un parc naturel aux paysages superbes et variés qui a pour mission de protéger certains animaux domestiques hongrois ancestraux retournés à l’état sauvage, comme les moutons racka aux immenses cornes torsadées, les boeufs à grandes cornes, et les taureaux gris qui sont rassemblés en un seul troupeau en août.
Enfin les chevaux, à la différence des autres animaux, sont domestiqués et rentrent tous les soirs à l’écurie.
Alors que partout ailleurs en Europe, l’agriculture et les villes ont progressivement empiété sur les plaines naturelles, la Puszta, cette gigantesque prairie sauvage située en Hongrie a été miraculeusement préservée en l’état.

Le híd Kilenclyukú (Pont aux 9 arches) est le plus long pont de pierre de la Hongrie (167,3 m) , ouverte à la circulation routière. Il enjambe la rivière Hortobágy près du village de Hortobágy.

Les cavaliers Csikos se sont emparés au grand galop de cet immense territoire pour y élever en semi-liberté les Nonius.
Ces chevaux sont à l’origine des demi-sang normands volés aux troupes napoléoniennes lors la retraite de Russie.
Ces descendants des guerriers magyars venus de l’Oural et de la Volga sont également les inventeurs de la célèbre poste hongroise : un cavalier conduit un attelage composé de cinq, voire dix chevaux, debout sur la croupe des deux derniers chevaux.
Les Csikos :
Csikos signifie en hongrois gardien de troupeaux de chevaux.
Il ne reste plus que quelques vraies familles de Csikos en Hongrie, quelques-unes près de Budapest et la grande majorité, une quinzaine, dans la Puzsta de Hortobágy qui est la véritable patrie des Csikos hongrois.
Les Csikos sont en quelque sorte les gardians de Hongrie. Ils avaient au siècle dernier la réputation de rudes cow-boys, voire de brigands (il y a de riches légendes à ce sujet).
Ils étaient des milliers autrefois, ils ne sont plus aujourd’hui que quelques dizaines. Parce qu’ils s’occupaient des chevaux, les Csikos étaient les plus hauts placés dans la hiérarchie des bergers, avant les gardiens de bovins (les gulyas), et, en bas de l’échelle, les bergers de moutons (les juhasz).
Aujourd’hui, les Csikos sont les seuls à avoir survécu, et avec eux, leur savoir-faire.
Ils utilisent des méthodes de dressage très spéciales, notamment un fouet qu’ils fabriquent eux-mêmes. Ce fouet à cerceau est ainsi appelé car son mouvement, animé par la rotation des poignets, décrit dans l’air un jeu de cercles.
Les fouets ne sont en aucun cas utilisés sur les chevaux. Ils claquent bien au-dessus de la tête des cavaliers, et le son qu’ils émettent en déchirant l’air permet de diriger les troupeaux.
Les derniers Csikos travaillent principalement pour le Haras d’Epona comme éleveurs de chevaux mais certains ont, en parallèle, leur propre petit élevage.
Ils s’occupent des troupeaux de chevaux, les mènent chaque jour de l’écurie à la Puzsta et les font courir à travers la plaine à l’aide de leur célèbre fouet pour les faire suer. Cette suée permet de développer la musculature désirée, qui fait la renommée de l’élevage de Hortobágy.
Le cheval Nonius :
Le cheval des Csikos est le Nonius hongrois. Il trouve son origine avec Nonius Senior, l’étalon né en 1810, fondateur de la race, qui serait le produit d’un croisement entre l’étalon demi-sang anglais Orion et une jument normande.Chevaux Nonius et boeufs gris dans la Puszta



















Il aurait été capturé par les Hongrois après la défaite de Napoléon à Leipzig. Ramené à Debrecen, les Hongrois décident de le croiser avec des juments arabes, lipizzanes, andalouses, kladrubers, normandes et demi-sangs anglaises, et s’aperçoivent qu’il transmet invariablement sa morphologie à toute sa descendance.
La ville a commencé à élever cette nouvelle race sur la Puszta de Hortobágy qui, aujourd’hui, offre des conditions d’élevage idéales pour les chevaux de compétition car elle permet des courses effrénées dans la plaine.
Le Nonius est, à l’origine, un bon cheval de gardiennage et d’attelage qui fait aujourd’hui ses preuves en équitation. Ce cheval robuste et polyvalent mesure entre 1.45 m et 1.55 m pour le petit Nonius, et entre 1.55 m et 1.65 m pour le grand Nonius.
Il est doté d’une tête allongée, avec un front large, de grands yeux, et d’une robe de couleur noire, baie ou alezan brûlé.
Le haras d’Epona à Hortobágy a pour objectif d’élever ces Nonius pour les vendre sur le marché mondial de l’équitation. Il constitue également une banque génétique pour préserver la race.
En effet, le Nonius a été reconnu par l’Unesco en 1999 comme une race de l’héritage mondial à protéger.

Le Boeuf gris hongrois :
Le boeuf gris hongrois Plusieurs théories existent quant á l’origine du bœuf gris hongrois. D’après l’une, cette race aurait été présente dans la région avant la conquête du pays par les hongrois, d’autres supposent qu’elle y était arrivée avec nos ancêtres conquérants, ou encore avec les Cumans ou les Pétchenègues.
Le bœuf gris avait joué un rôle important dans la vie économique de la Hongrie pendant des siècles, après les pillages des mongols et des turcs. Le bétail hongrois était mené vivant aux marchés d’Europe de l’ouest (Venise, Nuremberg, etc.). Dans les années les plus prospères, quelques 100 mille animaux étaient vendus á l’étranger. Plus tard, du fait du développement naturel lent de la race, l’importance et le bétail du boeuf gris avait diminué. La race était menacée de disparition quand on a recommencé à l’élever aux années 1970.
Le boeuf gris hongrois peut être de plusieurs couleurs, avec de grandes différences entre les sexes. Les taureaux sont généralement fuligineux, ils ont des yeux cernés de noir, des cornes longues, blanches, avec des pointes noires. Les veaux sont de couleur de pivoine et parviennent tard à leur maturité, ils sont sevrés à l’âge de 6-8 mois. Les génisses atteignent leur maturité sexuelle à l’âge de 3 ou 4 ans.
De nos jours, le boeuf gris est connu surtout comme race à viande.
Élevé dans son environnement naturel, il joue un rôle important dans l’alimentation saine et équilibrée et dans la production des produits biologiques.
Mouton “ratzka”
Le mouton “ratzka” est une race hongroise ancienne dont les premières descriptions et traces archéologiques nous sont parvenues des XVe et XVIe siècles, mais des hypothèses existent datant leur apparition á la conquête du pays par les hongrois. Pendant longtemps, le “ratzka” avait été l’animal préféré des bergers de la Grande Plaine hongroise et de la Transsylvanie.
Aujourd’hui, par contre, les “ratzka” représentent moins de 5% (avec les autres races traditionnelles hongroises, le “cigája” et le “cikta”) des troupeaux hongrois.
mouton “ratzka” est facile à reconnaître par ses cornes torsadées, en forme de “V”.

















Les brebis sont de 45 kilogrammes et les béliers de 60 kilogrammes approximativement. La musculature du mouton “ratzka” est solide, c’est un animal sobre et résistant, de nature vive, parfois nerveuse.
Ses touffes bouclées sont d’une longueur de 25-30 centimètres environ, de couleur blanche-jaunâtre pour la majorité, noire dans certains cas.
Le mouton “ratzka” est élevé surtout pour son lait ou pour son poil. Sa viande est délicieuse et peu suiffeuse.

Anecdote : Un berger en Hongrie doit savoir compter les moutons
Si vous possédez des notions de comptabilité et que la bureaucratie européenne ne vous effraie pas, peut-être une carrière de berger s'ouvre-t-elle à vous en Hongrie.
Un puit de la Puszta de Hortobágy















Dans la plaine de la Puszta, où paissent plus d'un million de moutons, le manque de bergers qualifiés est tel que l'on recrute dans le pays voisin, en Roumanie.
Les bergers doivent désormais afficher des compétences comptables et, depuis l'adhésion de la Hongrie à l'Union européenne, être suffisamment compétents pour solliciter des subventions auprès de Bruxelles, rapporte le Nepszabadsag.
Ference Silay, Roumain d'origine hongroise et architecte de formation, gagne sa vie grâce à son troupeau à Domaszek, dans le sud du pays.
"Etre berger, ce n'est plus simplement rester assis toute la journée avec son chien dans un champ, en fumant la pipe", affirme-t-il dans le journal.

Source : Agence Reuters du mardi 11 octobre 2005