Des chercheurs de l'Université Toulouse III - Paul Sabatier ont montré pour la première fois que le cerveau miniaturisé d'un insecte, faisant à peine un millimètre cubique, est capable de maîtriser rapidement et simultanément deux concepts abstraits, et de prendre des décisions en face de situations nouvelles à partir de l’utilisation de ces concepts.
L'équipe du professeur Martin Giurfa au centre de recherches sur la cognition animale (Université Toulouse III - Paul Sabatier / CNRS) : Aurore Avarguès-Weber, Maud Combe, et Martin Giurfa en collaboration avec Adrian Dyer de l'université de Melbourne (Australie), vient d'obtenir des résultats inattendus sur la capacité des insectes à fabriquer et à manipuler des concepts abstraits. Ils peuvent utiliser simultanément deux concepts différents afin de prendre une décision face à une situation nouvelle. Ces travaux, publiés dans la revue PNAS, remettent en cause de nombreuses théories dans des domaines tels que la cognition animale, la psychologie humaine, les neurosciences et l'intelligence artificielle.

L'utilisation des concepts, que l'on a souvent crue propre à l'homme et à quelques primates, pourrait être en fait beaucoup plus répandue dans le règne animal.
D’un point de vue philosophique, elle apporte de nouveaux éléments à la discussion sur ce qui serait propre à l’homme.

Un résumé qui vaut ce qu'il vaut ! (tiré à partir de la publication) :
Les abeilles sont capables de manipuler de tels concepts, notamment pour accéder à une source de nourriture.
Le dispositif utilisé présentait un orifice délivrant soit de l’eau sucrée (récompense), soit une goutte de quinine (punition). Etaient placées autour de ce distributeur, des images dont le dessin et la disposition indiquaient par associations respectives où se trouvaient la récompense et la punition.
Au bout d’une trentaine d’essais, les butineuses identifiaient sans faute l’association d’images conduisant à l’eau sucrée. Elles ont ainsi prouvé qu’elles comprennent à la fois les concepts de « au-dessus / au-dessous », de « à côté » et de « différence ». Ces travaux remettent en question le fondement selon lequel seuls des cerveaux mammifères, de taille importante, peuvent assurer l’élaboration d’un savoir conceptuel. Ils montrent également que la formation de concepts est possible sans langage.
Le communiqué de presse français se trouve en annexe.

© A. Avarguès-Weber, CRCA

Références :

Voir également (en français) :

  • Thèse présentée et soutenue par Aurore Avarguès-Weber le 13 décembre 2010 - Université Toulouse III - Paul Sabatier